« Radium girls » : on imagine des femmes au pouvoir extraordinaire, à la silhouette agréable et au caractère bien trempé. Pour autant, derrière ce nom tout droit sorti d’une oeuvre de Stan Lee se cache l’un des plus grands scandales sanitaires du monde horloger du siècle dernier. Explication.
Le radium dans l’horlogerie suisse
À l’heure où la mode est aux index « abricot », peu d’entre nous savent que de nombreuses femmes ont péri afin que nous puissions, quelques dizaines d’années plus tard, profiter de ces patines arrogantes que nous arborons fièrement à nos poignet. Pour ceux qui aurait le plaisir d’arborer une montre datant des années avant-guerre.
À partir du 19ème siècle, l’horlogerie se voit bénéficier d’une nouvelle technologie, la radio-luminescence. Celle-ci fut possible grâce à l’invention de substances radioactives par Pierre et Marie Curie en 1898. Plus précisément, c’est le Dr George F. Kunz qui fut le premier à faire rencontrer la chimie et l’horlogerie en peignant des aiguilles avec du radium.
Ce procédé permettait ainsi à nos belles tocantes de pouvoir être appréciées même en pleine nuit. On utilisait alors le radium – [Rn]7s2 pour les plus chimistes d’entre nous – afin de peindre les index des cadrans et certaines autres pièces (aiguilles, chemin de fer, etc.). La différence avec ce que l’on peut connaitre aujourd’hui ? Le radium ne nécessitait pas de capturer de la lumière pour être luminescent ; il l’était en permanence.
L’utilisation de cette matière fut interdite en 1963.
Des petites mains précieuses
Les Radium Girls sont les femmes qui ont directement été victime de l’emploi du radium par les maisons horlogères, mais pas que. Le radium était à l’époque utilisé par de nombreuses industries (textiles, vêtements, etc.). C’est dans ce contexte que les maisons horlogères, notamment pendant la 1ère guerre mondiale, ont employé des milliers de femmes afin de peindre le cadran et les aiguilles des montres.
Une technique consistait notamment pour ces femmes à affiner la pointe du pinceau dans leur bouche pour réussir à peindre méticuleusement les cadrans en confection. Ce geste répété tout à longueur de journée leur faisait ingurgiter des quantités très importantes (une matière radioactive rappelons-le).
Conséquence désastreuse évidemment. Ces femmes ont absorbé des doses extrêmement importantes les rendant, dans un premier temps, radioactives puis leur causant des cancers et maladies diverses au bout de quelques années.
Et aujourd’hui ?
Aujourd’hui, le radium n’est plus utilisé. Si vous soupçonnez la présence de radium sur votre montre, pas d’inquiétude ! Les quantités déposées sont infimes. On vous conseille tout de même de consulter un médecin si une douleur au poignet apparait…
Les maisons horlogères ont ensuite remplacé cette matière dangereuse par le tritium qui l’est moins. Certaines études universitaires ont toutefois considéré que celle-ci n’était pas « totalement » inoffensive. Lui-même fut remplacé par des substances plus performantes (luminova, super-luminova, etc.) à la durée de vie plus importante.
Pour approfondir le sujet :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Radium_Girls
https://www.letemps.ch/suisse/radiumineuses-petites-mains-oubliees-radioactives-lhorlogerie-suisse
